Il y a des moments dans la vie d'un dirigeant où le volume de travail est trop important pour être réalisé dans une simple journée de travail. Le soir voire même la nuit, est alors un moment alloué au travail. Lors de levée de fonds, de situation d'hyper-croissance ou au contraire de grosses difficultés, ce rythme de travail peut avoir tendance à perdurer et avoir des conséquences sur notre santé et notre productivité.
Nous allons voir comment bien dormir quand on "est charrette".
Un peu d'histoire
L'expression "Etre charrette", bien connue dans les agences de pub et les startups, est née à Paris au XIXe siècle dans le jargon des architectes de la section architecture de l'École des beaux-arts de Paris. Il est proposé deux origines possibles à cette expression.
Lors de l'examen final, les étudiants devaient présenter une maquette, réalisée sous surveillance et en peu de temps. Le matin de la présentation au jury, l'administration faisait envoyer une charrette pour récolter les travaux lourds, fragiles et volumineux, qui devaient arriver achevés. Certains étudiants apportaient une dernière touche à leur travail en accompagnant la charrette.
La seconde proposition est tout aussi plausible que la précédente : les étudiants en architecture qui avaient un travail urgent à faire en matière de dessins, cartons et maquettes avaient recours, pour les livrer à temps, aux charrettes des livreurs et vendeurs des rues qui étaient installés près de la gare Montparnasse, donc proche de l'École.
Les charrettes dans la vie d'un dirigeant
Au delà des examens de la vie étudiante et des nocturnes couramment pratiquées dans les agences de pub, le dirigeant peut également être confronté à des épisodes de charrette. Levée de fonds, situation d'hyper-croissance ou au contraire de grosses difficultés, il peut être amené à devoir utiliser le soir ou la nuit pour répondre aux exigences du moment.
Comprendre les impacts de nuits courtes et répétées
Si passer une nuit blanche ou très courte en amont d'un rendez-vous important n'aura d'impact que sur la journée suivante, la répétition de nuits courtes a de bien plus profondes conséquences.
Une étude célèbre de Dinge and al. (1997) montre des impacts exponentiels sur nos capacités cognitives dès la troisième nuit de 5h.
Sachez également qu'il faudra par la suite de 2 nuits complètes (plus de 7h) pour commencer à récupérer des effets de cette privation de sommeil.

Nos conseils pour bien récupérer durant cette période
Conserver au minimum 7 heures de temps passé dans son lit
Bien sûr, chacun est différent mais de nombreuses études ont montré que 5 heures de sommeil n'était en rien suffisant. Bien qu'il n'existe pas de consensus scientifique sur la durée, une analyse des publications scientifiques sur le sujet tend à confirmer que 7 heures est le minimum à respecter.
Autre point important, ne pas raisonner qu'en terme de durée de sommeil. En effet, le simple fait de se coucher dans son lit provoque mécaniquement un effet réparateur.
On peut n'avoir "dormi" que 5 heures, les 2 heures supplémentaires auront tout de même participé à la récupération.
Mettre en place une routine saine au moment du coucher
On connait tous les recommandations d'usage pour favoriser l'endormissement mais la réalité statistique montre que peu les respecte. Une période de charrette peut être l'occasion de les mettre en place ponctuellement afin de bien profiter des 7 heures évoquées précédemment.
Voici donc un rituel très simple à mettre en place :
- 60 minutes avant le coucher : Ne plus consommer ni cigarette, ni alcool, ni sucre
- 30 min. avant le coucher : Eteindre son téléphone, tout simplement.
- 10 min. avant le coucher : Pratiquer un exercice de respiration profonde (inspiration profonde et lente par le nez, expiration par la bouche, à répéter 20 fois).
- 5 min. avant le coucher : boire un verre d'eau afin d'éviter la déshydratation pendant votre sommeil et faire baisser la température corporelle.
Faire des micro siestes de 20 minutes après le déjeuner
La sieste fait toujours débat en Europe ! Bien qu'elle soit culturellement adoptée dans de nombreux pays asiatiques, elle est encore mal perçue dans nos contrées. Là encore de nombreuses études ont montré les effets bénéfiques d'une simple micro-sieste de 20 minutes après le déjeuner sur nos capacités cognitives. Les études menées par la NASA et par l’université de Harvard ont révélées qu’un employé ayant pratiqué la micro sieste serait plus créatif et plus productif à hauteur de 35 % par rapport à un salarié ne s’y étant pas adonné. Ce bénéfice est encore plus marqué lors de périodes de travail acharné.
On vous renvoie vers notre module dédié à la sieste pour plus de détails et de conseils.
Consommer les stimulants au bon moment
Nous ne sommes pas égaux face aux effets de la théine et de la caféine. Cependant les études convergent sur le fait qu'il vaut mieux éviter de consommer de la caféine et de la théine (sans bien sûr parler de la taurine présente notamment dans le fameux Red Bull) moins de 5 heures avant l'heure du coucher afin de ne pas affecter négativement la capacité d'endormissement.
A l'inverse, d'autres études ont montré les effets positifs de la consommation de caféine sur la productivité des personnes ayant mal dormi la nuit précédente.
La caféine est également un bon allié pour réaliser des "power naps" en journée.
Vous l'avez compris le but est donc de consommer, avec modération, ces stimulants au bon moment.
En conclusion
Si les périodes denses et les nuits courtes font partie de la vie du dirigeant, il est cependant indispensable d'y porter attention si cela vient à durer plus de 3 jours. La sieste, le café et la routine du coucher deviennent alors de précieux alliés de votre productivité.
Pour aller plus loin
Podcast
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Bibliographie scientifique




Rappel : en cas de malaise ou de maladie, consultez d’abord un médecin ou un professionnel de la santé en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.