Comment calculer la valeur de son entreprise

Comment calculer la valeur de son entreprise
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Que ce soit pour acheter ou vendre son entreprise, mais aussi dans le cadre d'une levée de fonds (la valorisation ayant un impact sur la dilution des associés historiques), un dirigeant peut être amené à calculer précisément la valeur de son entreprise.
Pour ce faire, il peut la calculer à partir d’éléments comptables ou différents ratios. Même si ces calculs sont le plus souvent réalisés par votre directeur financier, il est important que vous compreniez les principes des 3 méthodes de calcul les plus fréquemment utilisées.

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Comment calculer la valeur de son entreprise
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1 - L’évaluation de la valeur par l’actif net corrigé

Dans cette méthode, la valorisation d’une entreprise peut être déterminée en fonction principalement de deux éléments :

  • Les actifs nets, à savoir la différence entre d’un côté le total des immobilisations corporelles, stocks, créances clients, disponible en banque et caisse et d’un autre côté l’ensemble des dettes (long terme, moyen terme, court terme) au moment de l’évaluation.
  • La rentabilité potentielle de la société, évaluée à partir de la situation au moment de l’évaluation

Afin d’évaluer la valeur d’une entreprise, il faut donc calculer sa valeur d’actif net et additionner ses bénéfices prévisibles dans des conditions normales d’exploitation (en enlevant donc l’impact d’évènements exceptionnels).

Attention car comme nous allons le voir dans l’exemple, le calcul de l’actif net n’est pas une simple addition et soustraction de chiffres du bilan financier.

Prendre en compte le Badwill / Goodwill
A la suite de l’étape précédente, on confronte les bénéfices de l’entreprise à ceux que procurerait un capital (correspondant à l’actif net) faisant l’objet d’un placement sans risque.

Si un tel placement était moins intéressant que la somme investie dans l’entreprise, l’actif net pourra alors être majoré d’un montant représentant des éléments qui ne figurent pas au bilan de la société (réputation, savoir-faire). On parle de goodwill. En revanche, si la rentabilité est inférieure à celle d’un placement sans risque, la différence est le « badwill » et doit être déduite de l’actif net.

Comment calculer l’actif net :

On commence par calculer l’actif net :

  • soit à partir des capitaux propres :
    200 (capital) + 4 000 (réserves) + 40 (subventions) + 40 (écart de conversion passif) – 80 (écart de conversion actif) = 4 200
  • soit à partir de l’actif : 800 (immobilisations incorporelles) + 6 000 (immobilisations corporelles) + 1 000 (stocks) + 1 600 (créances clients) + 240 (disponibilités) + 40 (charges constatées d’avance) – (400 + 4 000 + 1 080 ; provisions, emprunt et dettes) = 4 200


Comment calculer le goodwill / badwill :

Le Goodwill est égal au résultat de l’entreprise (du dernier exercice ou pas) – la rémunération des capitaux engagés à un taux déterminé.

Imaginons qu'une entreprise ait un résultat de 300 sur le dernier exercice et que les capitaux engagés soient de 800. Posons un taux possible de rémunération de ces capitaux de 3%. Le Goodwill est de 300 – 3% x 800 = 60. Il y a donc un Goodwill de 60 qui est à ajouter à l’actif net pour donner une valeur à l’entreprise

Dans cet exemple la valeur de l'entreprise serait donc de 4 200 + 60 soit 4 260.


2 - L’évaluation de la valeur de l'entreprise par un multiple de résultat

Dans cette méthode, on estime une société via sa rentabilité, à partir d′un multiple de ses résultats (résultat net, résultat d′exploitation, marge brute d′autofinancement ou autre).

Quelles métriques pour le résultat ?
Selon les experts mais aussi les secteurs, le « résultat » pris comme référence n’est pas le même. On utilise parfois le bénéfice net (mais attention aux charges et profits exceptionnels), le résultat brut d′exploitation, le résultat courant (résultat d′exploitation + résultat financier) ou la marge brute d′autofinancement.
D’autres préfèrent les métriques anglo-saxons comme l’Ebit ou l’Ebitda (le second étant le premier auquel on ajoute les amortissements).

Même si on peut ne considérer pour l’indicateur retenu qu’un exercice comptable, il est tout de même pertinent de prendre la moyenne des trois derniers exercices.

Le coefficient multiplicateur
Le coefficient multiplicateur est fonction du secteur d′activité. Plus ce dernier est risqué, plus le coefficient multiplicateur est faible.
En général, ce coefficient est le quotient de la valeur de l’actif net ou des capitaux propres divisé par le CA ou l’EBE.

Dans la pratique, la valorisation d’une entreprise par cette méthode est simple puisqu’il suffit de s’accorder sur l’indicateur retenu (Par exemple l’EBE) et sur le coefficient multiplicateur.


3 - L’évaluation de la valeur de la société par les flux de trésorerie prévisionnels

Selon cette approche, on considère que la valeur de la société est égale à la somme des flux de trésorerie (cash-flows) prévisionnels qui seront potentiellement dégagés dans les cinq à dix prochaines années.

Calculer les flux de trésorerie
Comme dans la méthode précédente, les façons de calculer les flux de trésorerie changent selon les gens et les secteurs.

Ceci dit, pour calculer le cash créé durant un exercice, il est d’usage de faire la somme du résultat d′exploitation net d′impôts et des dotations aux amortissements et provisions, à laquelle on retranche les amortissements d′exploitation, l′augmentation du besoin en fonds de roulement et les investissements.

Estimer les flux dans le temps
L’exercice se complique ensuite quand il faut imaginer comment évolueront dans les 5 ou 7 prochaines années le résultat d′exploitation, les amortissements et provisions, le besoin en fonds de roulement .. ainsi que les nécessaires investissements (incorporels, corporels et financiers).

Actualisation de l’argent à venir
Enfin, il faut actualiser les cash-flows, c’est-à-dire évaluer en argent actuel la valeur de l’argent futur sachant notamment qu’on n’est pas certain de le percevoir. Les spécialistes de ce type de calculs utilisent alors un taux d’actualisation qui dépend des anticipations en matière d’inflation et de taux d’intérêt.

Dans ce type d’estimation plus qu’avec les deux autres méthodes de calcul, la valeur de l’entreprise peut osciller entre des chiffres très éloignés l’un de l’autre.

Pendant longtemps, cette méthode a servi pour les start-ups et autres entreprises ayant des pertes en exploitation mais qu'on considérait qu’elles avaient un très grand potentiel de développement.

Les premières déconvenues et pertes des investisseurs, le retour sur expériences réelles des valorisations théoriques a rendu moins populaire cette méthode qui lorsqu'elle est utilisée à présent, l’est de manière plus prudente.


Quelle méthode utiliser pour estimer la valorisation de son entreprise ?

Bien entendu, les différentes méthodes de calcul n’aboutissent pas aux mêmes résultats. Dans tous les cas, il faut éviter de faire la moyenne des résultats trouvés, parce que, selon la stratégie de l’entreprise, ces différences sont normales.

Par exemple, si la méthode de valorisation par l'actif net donne un résultat supérieur à la méthode des flux actualisée, alors la société vaut donc plus cher du fait de la valeur de ses Actifs réévalués (le passé), que du fait de sa rentabilité future. Ce n’est pas très favorable, puisqu’une entreprise à vendre l’est en général sur son potentiel de rentabilité. L’acheteur peut négocier le prix à la baisse.

Si c’est l’inverse, l’entreprise est dynamique, mais quel est le poids de la concurrence et l’importance de l’entreprise dans son secteur ?

Il faut enfin pondérer ces résultats par des aspects peu tangibles incluant la qualité des employés, sa politique RSE qui ne se mesurent pas directement dans le compte de résultat ou le bilan.

En conclusion, les différentes méthodes de valorisation servent surtout à justifier un prix quand on veut acheter ou vendre une entreprise et servent plus de bases d'échange à la négociation que de réalité comptable ou mathématique.


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