Comment développer sa politique d'endettement

Une des missions les plus importantes du Directeur Financier est d’abaisser le coût de la dette tout en conservant la plus grande flexibilité possible pour financer les activités et les investissements de l'entreprise. Voyons quels sont les outils à sa disposition pour y parvenir et les fondamentaux que tout dirigeant doit maitriser pour l'accompagner.


Pour gérer l’endettement de l’entreprise et lever des fonds en fonction des grandes échéances de son budget de trésorerie, le Directeur Financier peut :

  • utiliser les actifs de son bilan
  • négocier de gré à gré avec des établissements bancaires
  • faire appel au marché des capitaux

Les emprunts bancaires obéissent à une logique de négociation et d’intermédiation qui s’oppose à la logique d’un financement de marché. Le choix pour les PME entre un financement bancaire et un appel au marché est biaisé en raison de la place privilégiée du financement bancaire et de leur quasi-impossibilité d’utiliser des produits de marché compte tenu de leur taille.

Une garantie matérielle permet d’abaisser le coût d’un crédit et parfois d’obtenir un financement que les qualités intrinsèques de l’entreprise ne lui auraient pas permis d’obtenir. L’utilisation d’une garantie permet en effet d’isoler les différents risques économiques.

On peut instituer légalement ou contractuellement des créanciers « moins privilégiés » que les créanciers chirographaires : ce sont les « créanciers subordonnés ». En cas de liquidation de la société, ils seront remboursés après les créanciers privilégiés (c’est-à-dire ayant accès à une garantie spécifique), puis après les créanciers chirographaires (ces deux catégories de créanciers étant « senior » par rapport aux créanciers subordonnés), mais avant les actionnaires. En contrepartie d’un risque supplémentaire accepté, les créanciers subordonnés exigent un taux d’intérêt plus élevé que les autres créanciers qui courent moins de risques, notamment les porteurs de dette senior.

Parmi les autres paramètres importants d’une dette figure la nature du taux d’intérêt, fixe ou variable, dont le choix dépend, souvent à tort, des anticipations de taux du directeur financier.

Une fois une dette bancaire contractée, il est rare qu’elle ne soit pas renégociée. Soit parce que la société, ayant amélioré sa situation financière, veut abaisser le coût de sa dette ou en modifier la durée, soit qu’elle y soit contrainte à cause de non-respect des covenants.

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Une bonne politique d’endettement est une politique qui laisse à l’actif des liquidités pour faire face à tout imprévu et réduire le risque, rassurer les partenaires de l’entreprise et permettre de saisir des opportunités d’investissement.

Enfin, le directeur financier sera avisé d’avoir des relations étroites avec un nombre limité de banques, de diversifier ses sources de financement entre les différents pourvoyeurs de dettes, d’adapter la maturité des dettes au profil probable des flux de trésorerie, de n’accepter les covenants et les financements sur actif qu’avec parcimonie afin de préserver au mieux ses marges de manœuvre.


Les principaux produits d’endettement auxquels fait appel le trésorier sont :

  • les lignes bancaires (découverts, crédits spot, lignes de crédit confirmées, prêts à terme) qui restent la source principale, voire l’unique source, de financement pour une très large part des sociétés ;
  • les obligations qui sont des produits de marché en général réservés aux grandes entreprises ;
  • l’escompte, l’affacturage, la titrisation, produits plus ou moins complexes pour lever des financements sur la base de l’actif circulant de l’entreprise ;
  • le crédit-bail et les cessions-bail qui sont des financements fondés sur les immobilisations de l’entreprise ;
  • le financement de projet, même s'il est plutôt réservé aux grands groupes.

La caution et le crédit export ne sont pas techniquement un moyen de financement (car il n’y a pas apport de fonds), mais permettent d’éviter des débours de trésorerie ou de sécuriser les relations commerciales.

La documentation d’un prêt impose à l’entreprise le respect de certaines conditions (covenants) dont les principales concernent les ratios comptables (financial covenants), les décisions financières (restriction
sur les nouveaux emprunts, sur l’octroi de nouvelles garanties, sur les rachats d’actions…) et la structure du contrôle de l’entreprise.

Quelle que soit leur nature, bancaire ou de marché, les produits d’endettement ont de plus en plus souvent une dimension ESG (Environnement social et de bonne gouvernance) ou RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), soit par l’usage des fonds qui est fait, soit par un taux d’intérêt dont le niveau dépend de la réalisation d’objectifs environnementaux, sociaux ou de gouvernance.


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